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Le réel dicible et le réel (encore) indicible

Le réel dicible et le réel (encore) indicible
Il y a ce qu’on peut dire.
Et il y a ce qu’on ne peut pas encore dire sans se faire étiqueter.
— Chroniques des Multivers


Difficile de dire ce que je fais dans la vie, sinon que cela fait quelques années que je contemple — et que j’éclaire.
Le rôle d’un éclaireur n’est pas de guider, mais d’annoncer ce qui vient.

En rêve, deux images sont venues à moi : la vigie et le canari.
La vigie, postée sur le pont d’un navire en traversée, scrute l’horizon, devine les formes avant qu’elles n’apparaissent aux yeux de l’équipage, et murmure ce qui vient, que ça plaise ou non.
Quant au canari, on ne va pas parler de son chant, mais de sa présence dans les mines d’autrefois, où on le plaçait comme fragile messager. Il percevait avant l’homme l’air devenu irrespirable — éclaireur involontaire d’un invisible danger.

Entre la vigie et le canari, j’écris.
Je conseille aussi celles et ceux qui viennent à moi pour éclairer leur chemin. Et je me rends compte que beaucoup des défis que nous rencontrons — tous, sans exception — viennent du fait que nous utilisons encore de vieilles cartes mal adaptées au territoire (conditionnements, croyances, perspectives sur le réel).

Et ces cartes, je le vois, ont souvent du mal à être mises à jour.
Le rôle de l’éclaireur, c’est simplement de rapporter un éclat d’un réel élargi, même lorsqu’il n’est pas encore dicible.

Je confesse que c'est parfois un véritable challenge que de vivre entre le dicible et l’indicible. De naviguer entre les mondes. Physiques et non-physiques.
Même à vous, lectrices et lecteurs de ces chroniques (je vous connais presque tous et je sais que vous êtes parmi les plus ouverts)— je ne dis pas (encore) tout. Et ce n'est pas par peur du jugement, mais parce que je sais que je ne serai pas (encore) audible sur tout.

Aujourd’hui, on va flirter avec la limite du dicible et de l'indicible.
Les messages oniriques me l’ont clairement soufflé : il est temps de se préparer collectivement à de nombreux bouleversements du réel, à commencer par l’existence (et l'arrivée?) d’intelligences non-humaines, qu'on labelle encore extra-terrestres alors qu'ils seraient plutôt extra-dimensionnels, mais ça aussi c'est encore du domaine de l'indicible.
Non pas pour provoquer, mais pour adoucir le choc ontologique qui vient.

Entre la vigie et le canari, j’ai appris à sentir ces glissements :
les moments où quelque chose devient dicible —non parce qu’il vient d’apparaître, mais parce que nous sommes enfin prêts à l’entendre.

Et je crois que nous arrivons à l’un de ces moments.
Un seuil où les frontières du réel se redessinent.
Où des choses longtemps reléguées à l’imaginaire ou au tabou
reviennent frapper doucement à la porte du collectif.

Ce qui va maintenant suivre, c'est le contenu d'un des nombreux "articles-fascicules" que j'ai écrit pour mes amis sur le sujet OVNI, et plus précisément celui qui aborde le concept du dicible et de l'indicible : une mini-thèse en sept fragments, comme une traversée entre ce qu’on peut dire et ce qu’on pressent.


1. Cartographier le dicible

Chaque époque trace sa propre frontière entre le dicible et l’indicible.
Ce qui était hérésie devient évidence, et l’inverse parfois.
Le réel n’est pas une donnée : c’est une carte mouvante, révisée à chaque changement de paradigme.
Le dicible, c’est le territoire de ce qu’une civilisation autorise à être pensé, nommé, débattu.
L’indicible, c’est tout ce qui reste dans l’ombre — non pas parce que c’est faux, mais parce que c’est impensable à l’intérieur du cadre.

2. Les gardiens du seuil

Nos cultures fonctionnent comme des douanes cognitives.
Elles filtrent le réel par tradition, hiérarchie, sécurité symbolique.
L’indicible, c’est souvent ce qui menace l’équilibre du récit collectif.
Le scientifique qui parlait d’ondes vitales en 1900 devenait mystique.
Celui qui évoquait la conscience comme fondement du monde en 1970 devenait poète.
Et celui qui, aujourd’hui, évoque les intelligences non humaines, se situe encore sur cette ligne fragile : entre curiosité légitime et soupçon d’hérésie.


3. Le réel consensuel

Le réel n’est jamais “ce qui est”, mais ce qu’on accepte de nommer comme réel.
Nous vivons dans un monde de consensus perceptif.
Nos croyances sociales forment des rails invisibles : la nature est extérieure à nous, l’amour est chimique, la conscience est dans le cerveau, les OVNis c'est du folklore…
Ces propositions sont tenues pour vraies non pas parce qu’elles ont été vérifiées par chacun, mais parce qu’elles sont partagées.
Elles structurent notre confiance mutuelle : un réel de contrat social.
Sortir de cette carte, c’est risquer l’excommunication douce : le soupçon, le rire, la mise à distance.


4. La mutation du dicible

Ce qui m’intéresse, ce n’est pas ce qu’on croit, mais ce qu’on a le droit de croire sans être disqualifié.
Car la frontière bouge sans cesse.
Les psychédéliques, hier criminalisés, deviennent aujourd’hui objets d’étude clinique.
La méditation, jadis suspecte, est enseignée aujourd'hui dans les hôpitaux.
Les OVNIs, ridiculisés depuis soixante ans, font désormais l’objet d’auditions publiques aux Etats-Unis.
À chaque fois, le mouvement est le même : de l’indicible au dicible.
Pas parce que la vérité a changé, mais parce que le coût social du croire a baissé. Et parce qu'on s'autorise à enlever les oeillères de nos pare-feux cognitifs.


5. Les pare-feux cognitifs

Nous avons en effet bâti des pare-feux autour de notre perception :
le biais de conformité, qui préfère l’erreur partagée à la vérité isolée ;
le biais de statu quo, qui valorise la stabilité au détriment de la découverte ;
le biais d’autorité, qui délègue le jugement à des figures supposées savoir.
Ces pare-feux nous protègent — mais ils figent la carte du réel.
Le monde n’évolue pas quand la vérité change, mais quand nous abaissons nos pare-feux.


6. Le cas OVNI

On me demande parfois : “Sérieusement, tu crois aux OVNIs ?”
Et je réponds : “Est-ce que je crois que la Terre est ronde ? Non. Je le sais.”
De la même manière, je sais que le phénomène OVNI est réel — au sens phénoménologique, au sens de “cela se manifeste”.
Des pilotes, des radars, des archives, des témoins multiples le confirment depuis des décennies.
Ce que je ne sais pas, c’est ce que c’est. Mais j'ai ma petite idée, et j'aime répéter deux dates dans le futur à qui veut bien l'entendre : 2027 et 2035.

Mais c'est précisément là que réside le cœur du mystère : le réel existe avant nos catégories.
Croire ou ne pas croire est secondaire.
La vraie question, c’est : pourquoi ce sujet reste-t-il encore, en 2025, partiellement indicible, malgré toutes les informations qui fuitent et s'accumulent outre-atlantique ?


7. Le seuil du dicible

Nous vivons un moment passionnant : la métamorphose du dicible collectif.
Le réel consensuel s’effrite. Les récits se recomposent.
Nous redécouvrons que le monde est plus vaste, plus étrange, plus habité que nos définitions.
Et c’est tant mieux.
Car le rôle des explorateurs de conscience n’est pas de prouver, mais de rendre dicible l’indicible — de créer des ponts, des langages, des contextes d’accueil pour l’inconnu.

Autrement dit : de rouvrir la carte.


Si vous avez lu jusqu'ici, c'est que votre carte est probablement prête à être élargie.
J'ai écrit pas mal d'autres articles-fascicules sur le Phénomène OVNI et la conscience. Ils évoluent avec vos retours. Pour creuser le sujet : editions.inexco.org/le-phenomene/

Et pour explorer plus largement ce qui vient et s'ouvrir aux possibles, je vous renvoie aux nombreux articles récemment (co)écrits sur la Gazette de l'INEXCO : gazette.inexco.org

Comme d'habitude n'hésitez pas à répondre à ce mail pour partager vos contemplations et vos interrogations.
La bise et à bientôt !

Clément, le 30 octobre 2025