Le miroir est venu d'abord
séquence circulaire – origine présumée – résonance instable
Le miroir n’était pas là hier.
C’est ce qu’il croyait.
Il vivait seul dans un appartement sans horloges.
Les jours n’avaient pas besoin d’être comptés ici.
Les murs étaient blancs. Le silence, dense.
Et pourtant, ce matin-là, il se leva avec une certitude incrustée dans le corps :
Quelque chose a changé.
Le miroir.
Accroché au mur du couloir, entre la salle d’eau et la pièce principale.
Rectangulaire.
Bords fins.
Parfaitement aligné.
Et pourtant…
Il ne se souvenait pas de l’avoir posé.
Ni même acheté.
Il s’en approcha, pieds nus sur le parquet froid.
Un peu de buée sur la surface. Comme un souffle.
Et là, en regardant plus près, il vit… que ce n’était pas tout à fait son reflet.
C’était lui.
Mais… plus jeune ?
Ou plus tard ?
Un détail clochait.
Le regard, trop fixe.
Les lèvres, presque en mouvement.
Il tendit la main.
Le miroir fit de même.
Mais avec une demi-seconde d’avance.
Ce n’était pas un reflet.
C’était une mémoire.
Il s’immobilisa.
Une vibration.
Un mot.
Dans son crâne :
Kalem.
Le miroir est venu d’abord
boucle récurrente – souvenir non daté – trame contaminée
Le miroir fit de nouveau un geste.
Mais cette fois, il ne suivait pas.
Il anticipait.
Il recula, déstabilisé.
Il s’assit sur le lit, le souffle court.
Ferma les yeux.
Et là… la sensation monta.
Pas une émotion.
Pas une pensée.
Une boucle.
Une impression d’avoir déjà vécu cette scène.
Pas exactement. Mais presque.
Comme une variation d’un souvenir qui ne lui appartenait pas entièrement.
Il se leva.
Rouvrit les yeux.
Et le miroir avait changé.
Ce n’était plus son reflet.
C’était… une page.
Un texte.
En train de s’écrire.
Sous ses yeux.
Phrase après phrase.
Mais pas dans sa langue.
Plutôt dans une vibration.
Il entendit alors sa propre voix.
Lointaine.
Comme un écho dans un tunnel.
"J’ai l’impression d’avoir vécu une boucle temporelle similaire..."
"...Comme si les trames narratives se mêlaient..."
"...Comme si le réel devenait poreux."
Il se figea.
C’était sa voix.
Mais il n’avait jamais dit ces mots.
Pas ici.
Pas maintenant.
Alors il comprit.
Ou plutôt, il s’abandonna à l’idée qu’il ne comprendrait jamais vraiment.
Le miroir était un point de fuite.
Un nœud de résonance.
Un passage.
Et ce qui écrivait ces phrases…
C’était lui.
Mais à travers un autre lui.
Peut-être en juin 2025.
Peut-être jamais.
𒆖 Epilogue : Retour au carnet