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La moins bonne version de moi-même

(ou comment l’amour peut me fracturer, et ce que j’en ai tiré)


Il y a des chroniques qui ne parlent pas d’un futur lointain,
mais d’un point de bascule intérieur.

Celle-ci est née d’une une "crisopportunité", d'un moment de friction,
là où l’amour, la responsabilité et les rôles hérités se télescopent.

J’y explore ce que ça change, quand on cesse de vouloir “bien faire”,
pour commencer à être juste.


Je l’ai encore fait.
J’ai explosé.

Avec elle.
Ma mère.
Celle qui est malade.
Celle que j’accompagne.

Je me suis vu m’agacer.
Je me suis entendu parler plus fort.
Je me suis vu... exploser.

J’ai cru que je voulais l’aider.
Mais en vérité, j’avais surtout besoin de ne plus me sentir avalé.

Parce que sa peur —
ce qu’elle appelle son réalisme —
me colle à la peau.
Parce que son énergie de manque me cherche —
et parce que mon système, même s’il a grandi,
reste vulnérable à l’appel ancestral de sa voix.

Aujourd’hui, j’ai été la moins bonne version de moi-même.

Et ce n’est pas une confession.
C’est une reconnaissance.

Je suis son référent.
Son accompagnant.

En ce moment, c'est elle qui me soutient financièrement —
ironie des inversions de rôle.

Et pourtant,
je sens que je ne peux plus continuer ainsi.

Je ne peux plus être ce fils qui absorbe.
Ce pilier qui flanche en (presque) silence.
Ce garçon qui s’efface sous prétexte d’amour.

Parce que ça n’est plus de l’amour.
C’est de la fusion déguisée.

Et ce n’est pas tenable.

Mais dans cet éclat —
dans ce moment précis où j’ai “mal agi” —
quelque chose de précieux s’est ouvert.

J’ai vu que je n’étais pas en train de rejeter ma mère.
J’étais en train de me désimpliquer de sa structure.

Pas son cœur.
Sa structure.

Cette manière qu’elle a de voir le monde,
(comme beaucoup de gens de sa génération),
de tout filtrer par la peur,
de me confier le poids de son avenir énergétique
comme si c’était à moi de le porter.

Et j’ai vu que ce que je cherchais, au fond,
ce n’était pas la paix.

C’était la clarté.

La même clarté que je propose à d’autres dans mon “travail”.
Cet étrange nouveau métier d’accompagnant à la clarté,
dans les zones de transition.

Mais aujourd’hui, je vois autre chose.
Je n’ai pas vraiment choisi ce rôle.
Il était juste nécessaire que je l'incarne.
Parce que j’ai appris très tôt à voir clair quand personne ne le pouvait.
À tenir debout quand l’énergie autour de moi vibrait l’effondrement.

Et ce que je croyais être une vocation,
je le reconnais pour ce qu’il est :
un rôle de seuil.

Pas un guide.
Pas un sauveur.
Pas un expert.
Un espace où la transition est possible.

Aujourd’hui, j'ai intégré ceci :

Je peux aimer sans absorber.
Je peux accompagner sans fusionner.
Je peux être pilier, sans devenir pilori.
Et je peux surtout me choisir,
sans abandonner ceux que j’aime.

Ça ne se fera pas en une fois.

Mais c’est dit.

Et peut-être que ce soir,
c’est ça —
la meilleure version de moi-même.

Écrit depuis un endroit un peu plus clair qu’hier.
Clément, Paris, décembre 2025


🤓
Sponsor de cette chronique
Clément,
lorsqu’il se rappelle que son travail n’est pas de porter,
mais d’être un point de clarté, centré,
quand tout devient flou.

(J’accompagne celles et ceux qui traversent des zones de seuil —
plus d’infos ici → lien)